Premier ordi numérique et le génie mathématique féminin

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C’est l’historienne et avocate états-unienne Kathy Kleiman qui, dans les années 1980, a mis au jour le chapitre oublié de l’histoire du premier ordinateur numérique, ENIAC (Electronic Numerical Integrator and Computer), une production «top secret» de l’armée des États-Unis développée pendant la Seconde Guerre mondiale et lancée en 1946.

Elle a dépoussiéré des documents de travail archivés – et apparemment oubliés – prouvant les inventions et innovations des 6 mathématiciennes à l’origine du développement de la technologie de logiciel et de programmation numérique du célèbre ordinateur.

En 1996, après la commémoration du 50e anniversaire de l’ENIAC, où pour la «nième fois» on a ignoré le rôle de premier plan de ces 6 femmes de sciences, Kathy Kleiman a fondé l’ENIAC Programmers Project, et a publié une courte histoire à leur sujet.

Elle a ensuite coproduit 3 documentaires, dont le premier fut primé au festival de Seattle en 2014, The Computers : The Remarquable Untold Story of the ENIAC Programmers ; et ont suivi The Coders et The Future-Maker.

L’ordinateur ENIAC était un mastodonte rempli de panneaux et d’interrupteurs contenant 17 468 tubes à vide, 7 200 diodes à cristaux, 1 500 relais, 70 000 résistances, 10 000 condensateurs et environ 5 000 000 de joints soudés à la main. Il pesait plus de 30 tonnes courtes / 27 215 tonnes métriques, occupait 199.73 p2 / 167 m2 et consommait 150 kW d’électricité. On mentionnait que sa demande en électricité était tellement puissante lors de l’allumage que les lumières de la ville de Philadelphie s’éteignaient.

L’auteure rapporte que ces femmes scientifiques, considérées comme indigne de confiance, n’ont jamais été autorisées à travailler dans la pièce où se trouvait le super ordinateur. Pour développer le premier logiciel numérique de l’ère moderne, elles ont été obligées de travailler sur des plans et schémas de câblage.

Lors du lancement en 1946, tous les ingénieurs et officiers du département ont été présentés à la presse nationale et internationale. Ils ont reçu tous les honneurs liés à cette réussite planétaire.

Quant aux 6 mathématiciennes qui ont mené ce projet à bout de bras et de calculs – Jean Jennings Bartik, 22 ans; Frances Elizabeth Holberton, 29 ans, inventrice du point d’arrêt; Kathleen K. McNulty, 25 ans, inventrice du sous-programme; Frances Bilas Spence, 24 ans; Ruth Lichterman Teiltelbaum, 22 ans et Marlyn Wescoff, 24 ans – elles ont servi d’hôtes et de mannequins de service pour les photos.

Il n’y a aucune mention de leurs inventions et innovations ayant permis de produire la technologie du logiciel, le langage de programmation et autres outils.

Cependant, on fera appel à leurs expertises pour enseigner les nouvelles méthodes de logiciel et de programmation à tous les membres de l’équipe, militaires et civils.


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Extrait de mon répertoire hommage, INVENTRICES …de tout âge …de tout lieu, sous le thème Génie informatique.

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Auteure/Journaliste indépendante

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