La santé des femmes ignorée dans la recherche médicale mondiale

Archives

thEn science médicale existe une convention non écrite, un édit universel, qui consiste à ignorer le sexe. C’est-à-dire que toute étude – clinique ou laboratoire – se fait à partir d’individus de sexe masculin. Le choix du prototype humain devient le corps de l’homme parce que, semble-t-il, plus facile à explorer que celui de la femme. Peu importe l’amplitude de la recherche, on appliquera cette convention de facto. Ignorer le sexe se traduit par ignorer le sexe féminin.

Suivant les critères de la médecine, le corps de la femme reste un sujet « déviant » comportant une multitude de dysfonctionnements – systèmes hormonaux, procréation, ménopapuse, cycles neurologiques, et autres. La documentation est très instructive.

Pourtant, plusieurs instituts de médecine reconnaissent que chaque cellule du corps humain appartient à l’un des deux sexes. Que les hommes et les femmes présentent des systèmes cellulaires différents. Que bon nombre de maladies, d’infections toutes catégories les affectent différemment.

Le Comité d’éthique de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale ( Inserm ) affirme que les médications et traitements prescrits aux femmes résultent des tests faits sur les individus de sexe masculin.

L’Organisation mondiale de la santé, appuyée de nombreux partenaires, déplore depuis plusieurs années cette application quelque peu discriminatoire. Elle la considère comme une atteinte directe à la santé et à la qualité de vie des femmes, lesquelles forment la moitié de la population mondiale. Et lesquelles donnent naissance à l’autre moitié.

Quelques Faits et Chiffres, OMS – Santé de la femme ( 2014 )

Les maladies non transmissibles sont responsables de 80 % des décès de femmes adultes dans les pays à revenu moyen/élevé ; 25 % dans les pays à faible revenu.

Dans certains pays d’Afrique,

  • le VIH affecte 80+ % des femmes ;
  • Plus de 80 % des femmes vivent les affres du paludisme, de la pneumopathie chronique obstructive ;
  • Plus de 80 % des femmes vivent les séquelles de la violence physique et sexuelle.

Les plus récentes statistiques de l’OMS et de l’OCDE démontrent l’urgence de produire des traitements dédiés aux maladies et vulnérabilités des femmes. On insiste pour que prenne fin cette maladresse médicale institutionnalisée à l’échelle planétaire.

Des gouvernements ont répondu à l’appel en imposant dans leur pays respectif quelques critères inclusifs dans les pratiques des centres de recherche publics. Aux États-Unis, à partir des années 1990, les laboratoires de recherche médicale recevant des subventions gouvernementales – étatiques et fédérales – ont été appelés à inclure dans leurs expérimentations un pourcentage de spécimens de sexe féminin égale à celui du genre masculin et d’augmenter la participation des femmes lors des tests cliniques.

 En 2014, le centre hospitalier Brigham and Women’s Hospital de Boston a publié un rapport sur l’exclusion du sexe féminin en recherche médicale et l’impact sur la santé des femmes. On y expose un portrait assez révélateur de la nouvelle réalité.

A titre d’exemple, on cite les maladies cardiovasculaires qui affichent le plus haut taux de mortalité chez les femmes. Lors des tests cliniques, seulement un tiers des sujets seront des femmes. Et le tiers du tiers des participations seront inscrites par sexe dans les résultats officiels. Preuves scientifiques à l’appui, on sait que ces maladies se manifestent différemment selon le sexe tout au long du processus – des symptômes jusqu’aux facteurs de risques et optimum de guérison.

À ce jour, le corps féminin semble plus souvent qu’autrement exclu des phases de la recherche – diagnostic, traitement, formule préventive. Les impacts/effets secondaires sur la génétique de la femme ne figurent pas ou si peu dans les protocoles d’usage. Encore moins sur les fiches d’infos grand public.

Même si la femme vit plus longtemps que l’homme dans la plupart des régions du monde, elle sont confrontées à des problèmes de santé uniques à leur sexe et leur vieillesse s’annonce plus souvent souffrante que stimulante et productive.

th-66On signale que la maladie d’Alzheimer affecte 60+ % des femmes. Le risque de développer l’Alzheimer est le double de celui de l’homme. Les changements endocriniens au cours de la vie de la femme – puberté, grossesse, ménopause, entre autres – sont directement liés à cette maladie mortellement débilitante. Sans oublier les emplois divers aux fonctions axées sur « l’aidante naturelle », une qualité professionnelle féminine haussant les cas de dépression et de burn out.

Le cancer du poumon est un autre exemple étayé dans le rapport. On souligne qu’il fauche chaque année plus de femmes que tout autre cancer – du sein, de l’ovaire, de l’utérus. Parce qu’il frapperait de façon alarmante les jeunes femmes non fumeuses.

L’inclusion d’un plus grand nombre de femmes dans les essais cliniques a démontré que certains traitements agissent mieux sur les femmes que sur les hommes. Mais la rigueur d’inclusion varie d’un programme à l’autre. En biochimie, en toxicologie, la représentation des sexes dans l’ensemble des phases de recherche s’aligne invariablement sur « l’édit universel ».

Les différences génétiques entre les sexes féminin et masculin semblent loin de faire l’unanimité. On chuchote qu’il est toujours « tabou », dans certains cercles influents de la science médicale, de prétendre le contraire.

http://www.oms.org

http://www.inserm.fr

http://www.nih.gov ( National Institutes of Health )

http://www.brighamandwomens.org

Catégories

Archives

Auteure/Journaliste indépendante

Follow S C I E N C E S . . . en bref on WordPress.com